Page:Journal (Lenéru, 1945).pdf/63

Cette page n’a pas encore été corrigée
63
ANNÉE 1888

mener à bonne fin. Ah ! mon Dieu, mon Dieu, sur quelle route suis-je, si la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions ? Malheureusement, ce soir où je me sens vraiment du courage, je n’ai qu’un rien de temps d’ici dîner.

Tonton est parti samedi pour Paris, d’où il doit se rendre à Toulon pour embarquer sur la Dévastation qui fait partie de l’escadre, Nous sommes allées le conduire, Henriette, moi, Alexandrine, à la gare, où nous avons trouvé tante Blanche, tonton Albert… c’est servi ! quel malheur ! juste le jour où j’ai tant de persévérance.

Mardi 20 mars.

Eh bien ! ma persévérance a continué ! Alors, je vais finir de dire qui nous avons vu à la gare : M. et Mme Willotte, M. et Mme Vallée et Le petit Jean — (un amour ! Henriette me disait tout le temps : « Si Louis pouvait devenir comme lui. » ) Enfin Tonton est parti dans le même compartiment que M. Saget qui part pour le Tonkin. Mme, Mlle de P. et son fiancé, M. de R. partaient aussi. Alexandrine m’a dit qu’elle avait environ 30 ans ; je lui en donnais 17. Mais elle est encore plus raide que Mademoiselle de P. Ensuite, nous sommes allées sur le Cours, où nous avons trouvé Andrée.

Louis et Madeleine sont charmants ! Henriette et moi, nous ne faisons que nous disputer ; elle veut me commander et moi je m’impatiente, Enfin, aujourd’hui, je crois que nous sommes de meilleure humeur ; espérons-le.

Gabrielle B. de B. est insupportable. Pourtant, elle ne me gêne pas beaucoup ; je ne la vois jamais. Quant à Mathilde, je la vois plus souvent ; elle n’est pas non plus très amusante, mais depuis que je lui ai prêté La Faute du Père, elle est bien plus aimable parce qu’elle a trouvé cela très joli. Je ne sais pas ce qu’elles font, elles ne viennent plus au catéchisme de persévérance, il est pourtant bien intéressant. M. Le Gall et M. André nous racontent leur pèlerinage à Rome. M. André nous a d’abord parlé de Turin, grande ville genre Paris, et de Gênes,