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A M. A… : Et puis, vous savez, je ne saurai jamais marier les gens. J’ai horreur des confidences et je n’y pousse pas. Anor- mal, n’est-ce pas, pour un écrivain ? Mais leur fatras est telle- ment banal, tellement copié, à la manière de… J’en ai si peu besoin comme écrivain, et j’en suis à tant de lieues comme femme. 5

Comme écrivain, je prends d’eux ce qu’ils ne savent pas et, comme femme, je ne prends rien. Je ne demande de confi- dences conscientes qu’à l’histoire.

1 août.

Hélas ! oui, un monde de héros. J’admire. J’ai surtout envie de pleurer et d’enrager. Il est dangereux d’être gardé pendant quatre ans en présence d’un objet admirable. Oui, un monde de héros. Sera-t-il plus facile d’y aimer après qu’avant ? O mys- tère profond de la personne qui obtenez les grandes amours, qui les obtenez de ceux qui les donnent, les exigeants, les dif- ficiles, les implacäbles, en quoi résidez-vous donc ?

Valeur personnelle, nous réclamons le caractère alors que vous êtes esprit, serait-ce que nous réclamons l’esprit quand vous êtes caractère ?

EN à à

pour une nuance en lui qui était là avant l’héroïsme, et je ne parle pas de l’amour aveugle, mais de l’amour-amitié, de l’amour-estime, de l’amour-reddition morale, O mystère de la personne. O Altitudol….

FIN