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366 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

à qui l’on ne demande pas leur avis — ne règlent plus leurs conflits par un moyen aussi follement coûteux et qui, d’ail- leurs, n’est qu’une solution de fortune et laisse le conflit pen- dant, pour cela il faut avoir besoin de la guerre dans le pro- gramme de son parti. L’Echo de Paris me révolte en ce moment : « Nous verrons peut-être une paix d’un demi- siècle ! » s’écrie le général Cherfils. Il n’est pas homme d’État.

Les Wilson et les Winston Churchill, qui connaissent leurs responsabilités personnelles dans la déclaration ou la non- déclaration d’une guerre, ne trouvent pas utopique d’être des pacifistes. Il ne s’agit d’aucune réforme de la nature humaine !

Pardon, mais c’est ma sainte colère du moment de voir confondu ayec une nécessité humaine, le rouage le plus com- pliqué, le plus artificiel, le plus coûteux et le plus inutile de la politique moderne.

27 décembre.

Elle est très bonne, ce qui lui permet de trouver tout Ie monde méchant.

A Mne Duclaux : Deux grands souhaits : la victoire à ou- trance, et que cela ne se représente plus jamais. Oh ! les précautions de l’Echo de Paris pour en sauver la graine ! — Je ne veux plus écrire que contre la guerre, car on ne peut tout de même agir que dans l’opinion. — Vieillissons l’idée de la guerre puisqu’il y en a qui travaillent à la rajeunir. « — La besogne, en somme, était déjà bien avancée, c’est ce qui rend cette guerre si cruelle. Il n’y a pas un de nos soldats, pas un de nos héros, à moins qu’il ne soit infesté de littérature, comme le prouvent les citations de Barrès, qui ne se dise au fond : c’est absurde ! Les Allemands eux-mêmes l’ont dit et redit.