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de l’intelligence. Je les trouve plus responsables que les états- majors prussiens. Le seul qui me satisfasse vraiment, c’est Gustave Hervé.

Bourget, dans l’Echo de Paris, reprend le raisonnement de ’ Pascal, qui m’avait déjà tant frappée, si je l’ose dire, par son étourderie, par tout ce qu’il élimine et tout ce qu’il suppose sans le savoir. « Ou il y a un Dieuouiln’yena pas ». C’est l’incrédulité telle qu’un croyant seul peut se la représenter. — Si Dieu était une possibilité, une-alternative, mais cela suff- rait, il serait prouvé et vous avez bien raison, ô brahmine, de nous dire : « Ou la métaphysique existe ou elle n’existe pas, donc vous avez tout intérêt à parier pour. »

A Madame Dus. : Oh ! madame, comment Croyez-vous qu’une chose aussi artificielle que la guerre moderne, doive être acceptée comme une possibilité inéluctable ? Ce que je trouve le plus désespérant là-dedans, c’est précisément la gra- tuité du cataclysme, à moins que ce ne soit cette phrase de perroquet par laquelle on s’y résigne : « Tant qu’il y aura des hommes, etc… ». |

Ou alors si vous croyez à la fatalité du vice humain de la guerre, pourquoi recherchez-vous des responsabilités, pour- quoi vous en prenez-vous au Kaiser et au Kronprinz ? Soyez mystique jusqu’au bout. La vérité est qu’il n’y a pas eu une guerre en Europe depuis 500 ans, que très peu de chose dans la cervelle d’un seul ou dé quelques-uns aurait suffi à éviter, Une vicille routine diplomatique, voilà ce qu’est aujourd’hui la guerre. Le meurtre, oui, est dans la nature humaine, mais pas le meurtre sans plaisir. Les gouvernements le savent bien, qui ont dû prendre assez de mesures coercitives pour rendre le service militaire obligatoire.

Ce qu’il y a de désolant chez nous, c’est qu’on ait fait de pacifisme le synonyme d’antimilitarisme, Ce que je regretterai dans la guerre, c’est le soldat. Mais considérer comme une Cutopie » que les gouvernements — je ne dis pas les hommes