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Ruysbræk l’’Admirable, la mystique ét la théosophie, Spiri- tisme, etc., — pour moi une conférence de Lacordaire, un syl- logisme de Pascal, une exposition de philosophie allemande et même anglaise cela m’ouvre plus d’horizons intérieurs.

Je trouve une obtusité irritante à ceux qui veulent faire de la mystique de rien, quand toutes choses en contiennent d’une manière si authentique.

Les ignorants auront beau faire, ils ne possèdent rien de plus que les autres,

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Pour bâtir un bon ouvrage d’attaque contre la science et la philosophie, il n’y a jamais eu que les savants et les philo- sophes.

— Plus on lit ces mystiques, plus on adopte Spinoza ! Ja- mais la prophétie n’a rendu un prophète plus savant, ne lui a donné sur la divinité une révélation quelconque.

De l’éloquence enragée, une rhétorique hors des gonds, et par là une littérature savonneuse, des mots et des mots rude- ment charnels, voilà ce qui reste de ces lectures spirituelles.

Si j’étais confesseur, j’interdirais Ruysbrœk comme d’An- nunzio, par la raison très claire qu’en dehors de l’intelligence et des lois de sa fonction, il n’y a pas de vie spirituelle. — T1 n’y a plus que le cœur, c’est-à-dire un viscère, c’est-à-dire de la chair, et ce n’est pas eux qui nous apprendront que l’amour est autre chose que la volupté ! Le vocabulaire en est effrayant.

— Et pourtant il faut les lire car, après tout, la vie ne se rend qu’à la volupté, Il ne faut pas perdre la tradition de cette magnifique école. du désir. Désirer, être désiré, c’est la vie supérieure selon le plus fort ascétisme. Désirer, c’est un mot dont seuls ils ont fait l’élan. Ce qu’il avait de flânerie, d’at- tente, ils l’ont transmuté. D’un mot gracieux, ils firent un mot