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2 4 JYLVKNAL DE MARIE LENERU

pavillon de Flore — il me semble, comme au Trez-Hir quand je ne suis pas allée sur la plage, que je ne suis pas sortie.

Dimanche 13.

Une lettre de X…, qui soulève la question mariage. Elle s’impatiente de ce qu’on ne veuille pas la laisser en paix. Elle me dit que certainement le mariage est la vocation normale, mais que le célibat doit en être une autre, et que jusqu’ici le catholicisme seulement à su l’organiser, « Si vous ne vous mariez pas, votre mère en aura-t-elle, par principe, le même chagrin que la mienne ? »

Moi, c’est différent, je n’étais pas mariable. Si je le rede- venais, le jour, par exemple, où je lirais très bien sur les lèvres, je tiendrais, je crois, à me marier. Même en éliminant le beau mariage d’inclination, il yaurait encorelemariage d’ambi- tion, et, à son défaut, celui de dévouement. En tous cas, toutes les concessions que je pourrais obtenir de moi, je crois qu’il serait bien de les faire. Je ne voudrais pas mourir non mariée,

Le célibat ne peut pas être un système, ne peut pas être une préférence, parce qu’il n’est rien de plus. Sauf, évidemment, dans des circonstances de fortune ou de personnalité excep- tionnelles, parce qu’alors la liberté n’est plus un vain mot, et la femme peut jouir de son propre mouvement des choses agréables de ce monde. Mais alors on est impardonnable, moralement et physiquement, de n’avoir pas rencontré un mariage tentant,

Les médecins, je crois, divisent les maux en deux espèces : les pléthores et les misères. Eh bien, le célibat est une misère, Il ne faut jamais rester en deçà. Une jeune fille, une éternelle jeune fille, ne risquera pas de mourir en couches, de perdre un fils de 20 ans, de mener un Veuvage de 30 ans, avantages qui ne s’expriment que par des négations et que je ne vanterai pas, moi qui ai toujours dit, et qui ai toujours écrit que nous étions moins pauvres de ce que nous perdons, que de*ce qui