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LL déni JAN LE MANIL LÉENELRKU

« Dépasser un bâton de grand foc à la mer, et avec cette mer, m’avait semblé jusqu’ici une opération très difficile, je le pense encore, mais à l’occasion je la tenterai. » —— « J’ai omis de parler du second maître, Hervé, comme un de ceux qui furent employés à déverguer les focs. Ce sera pour lui une recommandation si je relis ceci, » |

Le snob à présent qui écrit confortablement dans le bureau du « détail », et qui possède un cadenas pour son « bazar », ce dernier luxe offert par son fourrier. « On n’a pas idée du dé- sordre et de la saleté qui règnent dans le poste… A chaque instant l’on entend des bruits de bouteilles cassées, de piles d’assiettes s’écroulant. C’est dans le poste un amoncellement de débris sur une couche de fange, le coin d’une borne. Une expression très caractéristique a été imaginée pour dénommer l’ensemble sans nom jusqu’ici qui couvre le pont. Je ne la dirai pas, mais elle est dans Balzac. »

Aussi l’on comprend son goût du housekeeping anglais après un séjour au British-Hotel à Simonstown. « Que ce doit être une bonne chose que la vie élégante en Angleterre. Et quel bien l’on doit penser d’un peuple qui est si bien servil »

Je suis frappée de ce que les descriptions n’en sont littérai- rement pas, mais des mots pour se souvenir, ce qui à 18 ans est déjà le goût sincère de la sensation, au lieu de la supersti- tion poétique. Pendant les fêtes de la Ligne : « La nuit était magnifique… Accoudé sur la passerelle j’avais devant moi deux spectacles : la foule à côté du désert, le tumulte à côté du silence. J’étais fatigué du bruit, j’essayais de m’y soustraire en contemplant la scène silencieuse. » Et puis une tempête : & À l’abri sous le fronteau de dunette, n’ayant devant les yeux qu’une masse noire et sans vie, je voyais tout à coup les ténèbres s’animer, une vive lueur rose ou verte éclairait l’hori- zon et, sur le fond gris de plomb du ciel se détachaient vigou- reusement les mille cordages des deux mâts de l’avant. Dans leurs dédales on voyait distinctement les gabiers travailler à tout disposer pour dégréer les vergues d’hune. Puis, entre l’œil et les mâts, une véritable nappe d’eau tourmentée, fla-