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ANNÉE 1902

Jeudi 13 mars.

ROFONDÉMENT, jamais, je ne pourrai savoir si je suis au

P Comble du découragement ou de l’énergie, de l’hyperes-

thésie ou de l’impassibilité.I1 me semble avoir atteintun

degré suprême — indifférence ou détresse — éloignement ou

profondeur, je n’en sais rien — mais définitif, dont je ne

m’écarterai plus jamais : car il ferme tout, même pour mourir, car il est final.

Je ne saurais plus ni prendre, ni donner de bonheur.

À cela près, je suis « charmante et si gaiel » disent-ils, Eh bien oui, je suis gaie, puisque j’ai de l’esprit. On rit quand on a de l’esprit, comme on salue les balles quand on a des nerfs. Cela ne veut pas dire qu’on ait peur, ni. Et l’on n’a aucun besoin de m’en admirer, car je vous prie de croire que je ne me tiens pas obligée à des frais de politesse envers les cir- constances, Si je ris, soyez tranquille, je n’en fais pas l’effortl

8 avril,

À Me D, Pour continuer dans le roman, la foi me manque et le goût. J’ai pris le dédain de trop de choses. Tandis que j’ai l’attrait des vies exceptionnelles dans le beau, dans le mal,