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et les végétaux. Le natura non facit saltus réclame. Le soli- loque éternel du seul être parlant.

Lundi 0.

J’avais toujours prévu que les moments noirs arriveraient à cet âge-ci. Ce n’est pas en avant que les calamités sont les plus effrayantes. C’est par derrière qu’est leur véritable ac- tion, c’est dans le passé définitif qu’elles pèsent et qu’elles épouvantent. J’ai le frisson de ces douze ans que j’ai derrière moi, « ce long espace d’une vie mortelle ». C’est l’enfoncement dans un souterrain. En pan l’on a encore, derrière soi, le jour de l’entrée.

Jeudi x0.

Elles étudient l’histoire de l’art. Elles lisent, et puis elles vont au Louvre régulièrement tous les huit jours. Évidem- ment j’ai tort, mais cela me refroidit, me gèle à mort.

Oh ! les milieux intelligents, toutes ces femmes, ces hommes aussi « qui s’intéressent à tout », connaissent les livres, les tableaux, la musique, s’arrangent et font partout de bonnes affaires intellectuelles en bourgeois avisés et prévoyants. Ces gens qui apprennent toutes les langues, font tous les voyages et resteront si évidemment toujours des médiocres ! Ah ! ce ne sont pas les choses intelligentes qui font les gens intelligents !

Incapables d’une variante aux idées qu’ils apprennent, aux jugements qu’ils assimilent, et je ne pense pas à des nullités, mais à la moyenne des gens « très intelligents et très cultivés ».

À Mme D… D’ailleurs si cela ne va pas tout seul, je m’’abs- tiendrai plutôt, n’ayant aucune raison de me lancer dans des affaires désagréables, et tenant bien moins à être imprimée, qu’à la manière dont je le serai.

Ce qui me regarde, c’est d’achever, après on se débrouillera ; moi, je passerai à autre chose. J’ai débuté par un roman, parce