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ANNÉE 1887

VIII. Monsieur et Madame Vernhette : bonbons.

Je te remercie beaucoup Fernande. Va faire ton journal et dispense-toi de rire à cause de ton abcès. Merci, Fernande.

Vendredi 21 janvier.

Enfin, maintenant, j’espère que je manquerai moins mon journal car, comme je puis me servir de ma main droite, je serai moins paresseuse.

Lundi, Tante est partie pour Cherbourg, Tonton devant arriver le mercredi ; en effet, ce même jour, pendant le dîner, nous avons reçu une dépêche qui annonçait son arrivée, nous avons tous été bien contents en apprenant qu’il se portait très bien, et je lui ai écrit hier matin, j’y ai passé presque toute la matinée. Fernande et Henriette ont aussi écrit ; mais pendant ce temps, Mlle Doseille1 est revenue du Havre et elle a dit à sa marraine : « Tais-toi, toi n ; alors, je lui ai dit que j’allais chercher maman, elle en a plus peur que du Charbonnier.

Je fais mon dernier mois de cours; je voudrais tant être 1re. Le mois dernier, j’ai été 2e, mais personne ne l’a su. Voici comment cela s’est passé : Mlle Clavel me donne mon bulletin, je suis 4°, mais elle a oublie de marquer l’histoire naturelle. Alors, maman est allée la trouver et lui a tout expliqué en disant qu’avec cette branche, je devais être 2€. En effet, je l’étais, mais comme cela faisait changer toutes les places, maman n’a pas voulu qu’on le dise.

En ce moment, Fernancle apprend son Histoire, moi, je viens de le faire. Maman est à faire de la musique avec Mme Robert. (Je pense à présent que Charlemagne aurait bien voulu écrire comme moi qui n’écris pas déjà si bien que cela), car jeudi elle doit chanter à la chancellerie, c’est-à-dire chez M. Chancel 2, Maman y va tous les jeudis et chante toujours du Meyerbeer car M. Chancel en est entiché.

1. La petite Madeleine Corrard, cousine germaine et filleule de Marie. dite Douille quand elle n’était pas sage. 2. Recteur de l’Université.