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ANNÉE 1886

En ce moment, Henriette apprend son rôle, ou plutôt je lui fais apprendre et ce n’est pas une petite affaire.

Vendredi 24 décembre.

Enfin, aujourd’hui, je puis faire mon journal, ce n’est pas malheureux, car voilà bientôt 12 jours que je ne l’ai fait. Il faut dire aussi que j’y ai mis beaucoup de paresse, car Mlle Clavel a pris huit jours de congé à cause de sa santé, et pendant ce temps, je n’ai pas écrit une ligne.

Que je suis heureuse ! Je suis en état de grâce depuis ce matin, car je communierai ce soir, à la messe de minuit ; c’est en revenant de chez Rendall que nous sommes allées nous confesser, maman, tante Alice[1], Fernande et moi; d’abord, j’ai été très effrayée d’y aller de si bonne heure — (il était n heures) — et je trouvais qu’on avait bien trop de temps de commettre d’autres péchés, mais enfin, malgré le temps, je crois que je ne me suis pas encore rendue coupable d’autres fautes. Je crois que j’ai eu la contrition parfaite. je serais si heureuse ! Demain ! que j’aurai de choses à dire.

Cher journal de la main gauche, dire que sans maman j’aurais cru que cela me désolerait d’avoir un journal si mal écrit : « Écoutez toujours vos parents. Let the young mind what old folks say. (Dans ma leçon d’anglais d’aujourd’hui)

1889 Paris


2. Lignes intercalées par Marie Leneru trois ans plus tard.

  1. Mme Albert Corrard.