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la maison à laquelle elles n’atteignent pas une fois sur cent. Mais ces deux choses réclament encore un trop grand usage de l’intelligence. Après cela, si on ne sait ni causer, ni lire, ni faire de la musique, qu’on aille chez les pauvres, parbleul et à l’église. Mais la charité et la piété un peu fortes sont aussi plus en dehors de leur portée qu’on ne le croit.

Disent-ils assez de mal de « notre littérature actuelle » ! Où trouver pourtant des talents plus intelligents, plus tra- vaillés et plus originaux ? J’aime mes contemporains jusque dans leurs verrues.

Jour affreux. Je déclare alors ma mauvaise humeur et dis en plaisantant toutes les outrances trop fortes pour qu’on y croie et qui me permettent de me lamenter incognito. On trouve cela très drôle : « Tu devrais bien être de mauvaise humeur tous les jours. » O Molière, comme vous deviez être drôle quand vous passiez pour de bon, entre les chapeaux pointus et tout l’attirail de la cérémonie !

Comment je me comporte avec mes lectures dont ils s’éton- nent : les auteurs qui voient grossier, qui voient comique, ou simplement font les dégoûtés, mon Dieul les auteurs moraux m’ont choquée davantage, m’ont paru moins « pro- pres » que les autres qui adorent tout de la vie et n’ont pas l’air de soupçonner qu’une mouche puisse tomber dans leur verre.

Les fautes romanesques n’ont pas mon indulgence mais en parler avec dégoût me paraît aussi grossier que ce rire abject que provoquent les maris trompés.

Puisque tout est dans l’opinion, conune disaient les stoïques, c’est en voyant malpropre qu’on salit les choses.

Vendredi x®T septembre.

Il pleut et rien ne m’occupe. Je passe d’un livre à l’autre, et ne m’accroche à rien. Dans ce que je fais, il me faut autre