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182 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

entre femmes est si rare. Que voulez-vous qu’elles respectent dans leurs vies ?

J’ai une telle adoration de l’intelligence, parce que j’ai découvert, contre le préjugé admis, tout ce qu’elle ajoute aux attachements.

Elle seule donne aux êtres la curiosité et la force de se pénétrer. À passion égale, croyez-vous que l’amour de deux êtres supérieurs soit le même sentiment que l’amour des médiocres ?  :

Les grands sentiments viennent du cerveau.

Dix-huit années d’ennui et de solitude lui firent lire bien des livres.

(Autoépitaphe de la grande Catherine.)

L’homme n’a rien fait de grand que dans la mesure où il a su se révolter contre la nécessité, lutter contre le hasard aveu- gle et imbécile.

NIET2SCHE.

Was uns das Leben verspriché das wol- den wir dem Leben halten ! Ce que la vie nous promet nous le tien- drons à la vie, NIETZSCHE !,

Le Trez-Hir, 1890.

Je me suis défiée d’instinct du travail manuel. Dans quelle léthargie il entretient les femmes ! 4

Si elles n’avaient pas toute prête cette misérable occupation — pas plus occupante que de battre une marche avec le pied et surtout pas plus utile — elles seraient bien obligées de prendre l’initiative d’autre chose.

S’il faut à une femme des occupations d’une humilité rassu- rante, la cuisine au moins a son charme et la tenue savante de

1. Feuille de garde du 29 cahier du Journal,