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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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de souhaiter mourir, c’est que je souffre partiellement la mort. Des jours où l’impossibilité de vivre est flagrante, où suivre les doigts qui me parlent m’impatiente à sangloter, où lire me tue comme si je me lapidais d’autrui, où la solitude est la désagrégation dans le néant, où je perds mes atomes, et, avec cela, une sensibilité sourde comme dans le cauchemar, et des larmes dans le sang.

Je ne daterai ma vie que du jour où, seule, enfermée devant un grand Érard, je redemanderai mon âme À la musique. C’est une Symphonie de Beethoven en ut mineur que j’assigne à ce jour-là. °

Pourquoi aime-t-on souhaiter ce que l’on n’espère pas ?

2 juin 90.

Vingt-quatre ans. Je suis fatiguée d’être mot. Ah ! n’en parlons plus,

Mon Dieu, que me donnerez-vous pour mes vingt-quatre ans ? |

J’ai lu, dans la Revue des Deux M ondes, un article sur Soles- mes, Comment toutes les catholiques ne sont-elles pas reli- gieuses ? On leur dit que c’est le plus parfait, et elles vont ail- leurs.

Marchand est reçu comme un souverain, On peut mépriser « la gloire », « nous méprisons beaucoup de choses pour ne pas nous mépriser nous-mêmes » ; mais elle est une difficulté, donc une excellence. Ah ! j’aime ceux qui réussissent, qui dé- passent, qui excellent. Les « plus aptes », fût-ce une couturière, fût-ce un parfumeur.

Lorient, 12 juin. L’article de Lemaître, De l’influence des littératures du N’ord.

Ne croit pas qu’on puisse entrer dans toutes les nuances d’un : style d’autre langue, Il ne doit pas être polyglotte.