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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

154 JOURNAL DE MARIE LENÉRU

matière, matière inanimée, elle est minérale, tandis que le son, la voix est animale, humaine, Il y à de grandes voix dans la nature inorganique, mais il faut l’oreille vivante pour qu’une chose au monde en soit émue. La lumière, là où les yeux ne la perçoivent pas, a son rôle de fécondation. Le son, c’est la suprême inutilité dans l’univers, il est fait pour l’âme qui seule écoute. Je crois plus facile à un aveugle d’être spiritualiste qu’à un sourd.

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Dimanche 131.

« C’est ton fait de bien jouer le personnage qui t’est donné, mais, de le choisir, c’est Le fait d’un autre, »

Nous ne donnons pas à notre vie sa forme mais sa mesure, c’est toujours ça !

Lundi 14.

Je tiens aux pratiques, je ne sais pas trop jusqu’à quel point je suis chrétienne, mais ma religion est ceci : l’horreur de l’in- Curie. Pour moi, la vie n’est qu’un beau mouvement. Or, la plupart des croyants sont indévots par Stagnation, Je veux que ma vie aille aussi loin que ma pensée, je préfère même qu’elle la dépasse, Et la prière et les sacrements mettent un ordre su- perbe dans une vie, et si je ne peux en faire une piété, j’y tiendrai toujours comme rythme.

En outre, si je suis pyrrhonienne, je ne veux pas, dans l’esprit des autres, -être cataloguée libre penseuse, :

J’ai bien le droit de m’éviter les associations d’idées qui me déplaisent. « Trompez-les donc, et ne leur mentez pas. »

1. Probablement 13 novembre.