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l’adresse de l’éditeur à Paris et à Londres, instinct pratique. Il y avait aussi la demoiselle qui faisait des gilets de flanelle, la petite fille qui apprenait à broder, cette certaine dame si élé- gante qui jonglait avec des oranges ; le soir, comme il faisait trop chaud dans le salon, ces dames mettaient leurs chaises dans le corridor ; enfin M. R. et sa femme de chambre que j’avais pris pour des Allemands. Départ, les champs de roses ; l’attente à La Pauline, temps magnifique ; plus tard, même attente par un temps de chien, le wagon loué par un ministre et que M. B. voulait accaparer.

15 janvier.

Après cela, nous étions descendus à St-Raphaël, M. R. continuait sur Cannes ; ils repartaient déjà quand M. B. prit ses jambes à son cou pour aller les saluer devant le train en marche. L’hôtel de Valescure est en pleine cam- pagne, c’est l’hôtel tranquille, le Chamonix de Tartarin sur les Alpes. La première chose que nous vimes en arrivant à la campagne ce fut des Anglais promenant des petites filles à âne. Puis le dîner en famille, cette grosse dame si communica- tive et qui servait son grand fils à table (des amis de M. B.).

Quel joli endroit ! tout hérissé de collines, on est un peu en- caissé, mais la caisse est si joliel et d’ailleurs, de Valescure on apercevait la mer.

16 janvier.

Puis Cannes, L’arrivée bordée d’aloës. Je crois qu’il pleu- vait un peu. M. R. nous avait envoyé sa femme de chambre à la gare, et au lieu de nous aider dans notre chambre, elle n’avait fait que bavarder ; à la messe, je n’avais pas été du tout attentive, je n’avais fait que regarder un vitrail représen- tant des Dominicains martyrisés. Quant aux choses ennuyeu- ses, j’avais mes opérations et des moustiques insupportables.

JOURNAL DE MARIE LENÉRU 9