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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

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j’avais demandé à quoi cela servait et Louis en ouvrant un tout à fait, de manière à Le faire toucher un pupitre, m’avait dit que c’était pour forcer les gens à signer,

Je me rappelle aussi des sous que nous jetions de chez eux quand passait la cavalcade ; un soir ils étaient venus à la mai- son voir la retraite aux flambeaux et je m’étais fait pour la circonstance une bague bleu, blanc, rouge. Nous allions sou- vent au concours hippique, dans la tribune d’honneur, naturel- lement ; je crois me rappeler que Louis et Georges avaient con- couru. Un jour en y allant, la pluie nous avait Surpris et nous avions été obligés de nous réfugier dans l’entrée de Ballaret. C’est aussi avec monsieur B. que, pour la première fois, ma- man a joué aux dames, je me rappelle que c’était le jour d’un épouvantable orage.

Mes souvenirs les plus lointains sont les vaches que je voyais passer tous les matins de l’autre côté du port pendant que j’étais dans l’office à côté de notre vieille ouvrière Mme Le- guel, alors Mme Annette, Je crois que je les avais appelées Rosette et Blanchette. On nous disait aussi de regarder du côté de Roscanvel pour voir les cloches revenir de Rome. Encore dans le lointain, je me souviens de l’effet de Croque- mitaine que me faisait M. Viaud 1 alors bien timide pourtant et je me souviens de la scène que sa vue avait fait cesser. Je descendais l’escalier de la vieille maison portée par Louise Bécam avec laquelle je ne voulais pas sortir et lui montait chez ma grand’mère,.

Je crois que ce n’était qu’un peu plus tard que j’ai fait con- naissance avec X. — un excommunié, mes sympathies ont toujours mal tourné —, C’était au Vizac, chez les Biacabe où nous passions l’été. Il était venu dîner un soir et le jour même de sa visite de digestion, devant tout le monde, je l’ai réinvité. Mue Biacabe s’est empressée de le faire, mais naturellement, il

1. Pierre Loti,