Page:Jouet - De la rage communiquée chez le chien.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
DE LA RAGE COMMUNIQUÉE CHEZ LE CHIEN

s’élancer vers les personnes qui le regardent et mordre les barreaux de la cage qui les protègent de ses atteintes. Si on lui présente un bâton ou une barre de fer, il s’y précipite dessus, saisit ces corps à pleines mâchoires et mort avec frénésie. Si on introduit un animal de son espèce dans sa niche, l’envie de mordre ne disparaît pas, mais elle peut être précédée de désirs génésiques non équivoques et de tentatives pour les satisfaire si le sujet qu’on a mis avec lui est d’un sexe différent au sien.

À ces paroxysmes succède une période dite de rémission, caractérisée par de l’abattement et de la prostration. La moindre excitation, la vue d’un corps poli réfléchissant vivement la lumière suffisent pour le tirer de ce calme et faire apparaître un accès.

La physionomie du chien enragé, sous l’influence de tous ces changements survenus dans son économie, s’est profondément modifiée ; ses yeux ont pris une expression indéfinissable de tristesse sombre et de cruauté. Voici ce qu’enfin M. H. Bouley : « À travers l’ouverture de leurs pupilles excessivement dilatées, les yeux laissent échapper des lueurs comme fulgurantes, produites par le reflet de la lumière sur leur tapetum intérieur, et qui leur donnent l’apparence de deux globes de feu. Mais lorsque ces lueurs passagères s’éteignent, redeviennent ternes et sombres, et si farouches qu’on ne petit se défendre d’un sentiment d’effroi,