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APPENDICE

En dehors de l’aveu tardif de Du Paty, aveu dont l’exactitude est suffisamment démontrée par la déposition de Cochefert, il existe, au surplus, d’autres preuves que la décision du ministre était irrévocable, « que l’ordre d’arrestation avait été donné ferme », et que l’épreuve de la dictée ne fut pas sincère.

J’ai énuméré[1] ces preuves : la conversation de Gobert avec Gonse qui, dès le 12, annonce « que l’arrestation de Dreyfus aura lieu le 15[2] », les ordres qui furent signés le 14 par Mercier, les instructions si catégoriques de D’Aboville, au nom de Mercier, à Forzinetti.

IV

l’arrestation de dreyfus

J’ai indiqué[3] que Mercier a fait, d’abord devant la Cour de cassation, puis à Rennes, au sujet de l’incarcération de Dreyfus, l’un de ses plus audacieux témoignages. Il dépose qu’à la suite de son interrogatoire « Dreyfus fut tenu en arrestation dans l’un des bureaux du ministère, qu’on vint le prévenir du résultat de l’épreuve », qu’il interrogea Cochefert, « à ce moment-là », que le chef de la Sûreté lui affirma son impression de la culpabilité de l’accusé et « qu’il donna l’ordre alors d’incarcérer Dreyfus et de procéder à une perquisition chez lui[4] ». Et encore : « Avant même de faire conduire Dreyfus à la prison du Cherche-Midi, je vis Cochefert qui me déclara que, pour lui, l’attitude de Dreyfus avait été celle d’un coupable[5]. »

  1. Voir ch. II.
  2. Rennes, II, 305, Gobert.
  3. Voir page 126, en note.
  4. Rennes, I, 90, Mercier.
  5. Cass., I, 5, Mercier.