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MERCIER


jalousé par beaucoup et peu aimé ; il ne fut même pas l’objet d’un soupçon[1].

X

La lettre qui fut apportée à Mercier, vers la fin de septembre, à une date qu’on peut fixer au lundi 24[2], était ainsi conçue :

Sans nouvelles m’indiquant que vous désirez me voir, je vous adresse cependant, Monsieur, quelques renseignements intéressants :

1° Une note sur le frein hydraulique du 120 et la manière dont s’est conduite cette pièce ;
2° Une note sur les troupes de couverture (quelques modifications seront apportées par le nouveau plan) ;
3° Une note sur une modification aux formations de l’artillerie ;
  1. Rennes, I, 86, Mercier : « Dans tous les cas, Dreyfus, à ce moment, ne fut aucunement soupçonné. » — De même Zurlinden : « La Cour se rappelle que c’est tout à fait inopinément que Dreyfus fut signalé (par D’Aboville) comme l’auteur du bordereau. » (Cass., I, 41) Zurlinden, parlant de ces premières recherches, dit encore : « Dans tous les cas, elles ne firent en rien soupçonner le capitaine Dreyfus. » — De même, Boisdeffre (Cass., I, 259) et Roget (Rennes, I, 267). « La version, dit Roget, qu’on surveillait Dreyfus antérieurement à l’arrivée du bordereau est fausse ; jamais on ne l’a soupçonné. »
  2. C’est la date donnée par Lauth (Cass., I, 411), et qu’on peut accepter. Mercier, à Rennes, Cavaignac, Zurlinden, Gonse et Roget, à la Cour de cassation, ont déposé que le bordereau est arrivé à l’État-Major du 20 au 25 septembre. Cordier déclare que le bordereau n’était pas, le 22, au bureau, sinon Sandherr le lui aurait montré, à la veille de son départ en congé ; il pense que le bordereau arriva le 24, le 25 ou le 26. La date exacte de l’arrivée du bordereau ne fut pas inscrite ; ou, si elle le fut, elle n’a pas été révélée officiellement.