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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


daine[1]», « rastaquouère[2]» hautement apparenté et besogneux. Il rapportait, tantôt à un agent du nom de Guénée[3], tantôt à Henry, les informations qu’il réussissait à surprendre de ses anciens collègues et dans le monde diplomatique, des bribes de conversation. On le payait assez cher[4]. On ouvrait des lettres à la poste. Deux ou trois commissaires spéciaux, détachés de la police de sûreté, étaient attachés au bureau des renseignements, surveillaient les allées et venues, filaient les individus suspects.

IX

Telle était, dans quelques-unes de ses lignes principales, la section de statistique. Son grand vice, c’était ses procédés d’agence louche, les basses mœurs policières où elle habituait un trop grand nombre d’officiers, déformant leurs cerveaux, les familiarisant avec le mensonge et des ruses indignes de l’uniforme. Son grand défaut était de ne pas savoir lire. Le plus souvent elle interprétait au rebours du bon sens les documents qui tombaient entre ses mains ; ni méthode, ni esprit critique, nulle saine appréciation des choses. Et nul

  1. Cass., I, 59, Roget.
  2. Cass., I, 130, Picquart.
  3. Rennes, I, 84, Mercier ; I, 518, Boisdeffre ; I, 554, 545, Gonse, etc.
  4. Cass., I, 130, Picquart ; Rennes, I, 545, Gonse : « On lui payait ses renseignements chaque fois qu’il en apportait ; il a reçu régulièrement certaines sommes pendant un certain temps, parce qu’il avait un agent à sa disposition d’une façon permanente. »