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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


autres pièces au lieutenant-colonel Echemann qui en donna lecture[1].

Mais il commenta chaque pièce, montra que chacune s’appliquait à Dreyfus.

Maurel nie avoir commenté les pièces[2]. Il avait dit de même qu’il n’avait lu qu’une seule pièce, entendant par là, ainsi qu’il distingua par la suite, que les autres avaient été lues par son voisin. Admettons qu’il les expliqua selon les indications qui lui avaient été fournies.

Freystætter prenait les pièces, les examinait de près. Maurel eut un mouvement d’humeur. Elles furent passées de main en main.

Quelles pièces ? Maurel ne se souvient d’aucune ; il le déclare « en toute franchise et en toute sincérité[3] ». Freystætter en énumère trois : la pièce Canaille de D…, la pièce dite « Davignon » pour montrer l’étroite col-

  1. Rennes, II, 400, Maurel. — Voici la première déposition de Maurel, le 24 août 1899 (II, 194) : « J’ai lu une première pièce, je n’ai pas écouté les autres parce que ma conviction était faite. » Le surlendemain, 26, Freystætter ayant énuméré les pièces communiquées, Maurel dépose : « L’autre jour, j’ai répondu : Je n’ai lu qu’une pièce ! et ces mots je les maintiens. Je n’ai lu qu’une pièce. Mais je n’ai pas dit : Il n’a été lu qu’une pièce. Je n’ai lu qu’une pièce, mais après cette pièce lue, j’ai passé le dossier à mon voisin, en disant : Je suis fatigué. »
  2. Rennes, II, 401, Freystætter : « J’affirme que le colonel Maurel avait en mains les pièces et qu’il a fait un commentaire de chacune des pièces qu’il nous a passées. » Au contraire, Maurel : « Je proteste énergiquement contre ce mot de commentaire ; j’avais trop conscience de mon devoir pour me permettre de vouloir influencer d’une manière quelconque sur les juges dont j’étais le président. »
  3. Rennes, II, 194, Maurel : « Quelles ont été les pièces qui ont été communiquées au conseil ? — Je ne les connais pas. » Et, plus loin, (II, 401) : « La dépêche contenant les mots émissaire prévenu a-t-elle été lue au conseil ? — Je déclare en toute franchise et en toute sincérité : Je ne m’en souviens pas. »