Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
CHAMBRES RÉUNIES

Oui ou non, le colonel Sandherr a-t-il vérifié par une contre-épreuve l’exactitude du texte corrigé ?

La Cour, ainsi édifiée, décidera si la bonne foi se trouve du côté de mon administration ou du côté de M. Cuignet[1].

Delcassé était un homme de petite taille, assez trapu, brun, avec de gros yeux ronds qui lui sortaient du visage, mais où brillaient de l’intelligence et de la volonté, fort instruit, un bœuf de travail, qui voyait par lui-même toutes les affaires, ne s’engageait qu’avec mille précautions et qu’on n’eût pas fait reculer alors d’une semelle. Il avait traversé avec beaucoup de dignité la rude épreuve de Fachoda ; l’infatuation, avec ses ordinaires conséquences, ne lui vint que plus tard, avec le succès. Pour l’heure, ayant encore ses éperons à gagner, il était résolu à ne pas se ruiner devant l’Europe, comme avait fait Hanotaux, par des compromissions avec des faussaires et des sabreurs.

Il tint donc la promesse qu’il avait faite à Freycinet. On se souvient que l’original de la dépêche du 2 novembre avait été détruit, conformément aux usages de l’Administration des Postes et Télégraphes, mais qu’il en avait été pris un décalque, le jour même de l’expédition, que ce décalque avait été conservé, et que Gonse, soufflé ou trompé par Henry, au lieu de réclamer la pièce qui avait été gardée, avait demandé l’autre qui n’existait plus[2]. Delcassé n’eut qu’un mot à dire pour avoir le décalque[3]. Les autres pièces du dossier étaient la lettre de Panizzardi, du 1er novembre, au général Marselli, sous-chef d’État-Major à Rome, et la réponse de celui-ci

  1. Lettre du 27 février 1899.
  2. Voir t. III, 597.
  3. Cass., III, 511, Paléologue.