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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


mais à Brücker, à la Bastian, pour les frais de son séjour forcé à Marly, à des journalistes « patriotes », éventuellement à d’autres opérations non moins inavouables[1] ?

Ces majorations de dépenses étaient un des legs d’Henry qui avait constitué ainsi sa caisse noire[2]. Et Henry était resté sacré pour Mareschal, qui l’avait fidèlement conduit au cimetière de Pogny[3], pour François[4]. Ils font une vérité du mot de Maurras : « Le colonel Henry fut aussi notre éducateur[5]. »

Quelle heure, depuis le drame du Mont-Valérien, fut plus lourde aux anciens amis d’Henry ? À l’exception de quelques généraux qui luttent à Rennes, les grands chefs pactisent avec les ennemis de l’armée, se taisent, pitoyables de timidité et de mollesse. Eux, les petits, les humbles, de la race de ceux qui se font toujours tuer, vont-ils laisser faire ?

Quoiqu’il en soit, les deux officiers, après avoir réglé

  1. Rapport du capitaine Cassel, conclusions du lieutenant-colonel Rabier, etc. — On verra, au tome suivant, dans quelles conditions le commissaire du gouvernement abandonna l’accusation contre Rollin et ses collaborateurs qui furent, en conséquence, acquittés.
  2. Procès Dautriche, 431 et suiv., Gribelin : « Au lieu de verser les économies qu’il faisait à la réserve ordinaire, il les versait à une réserve spéciale. » 283 : « Il avait des habitudes de vieux sergent-major roublard. »
  3. Voir t. IV, 221.
  4. Lettre du 28 avril 1900 : « J’ai toujours devant moi l’exemple de mes trois prédécesseurs : le premier, mort fou ; le deuxième, disqualifié et honni ; le dernier, le meilleur de tous, le plus droit et loyal, suicidé d’un coup de rasoir. » (Procès Dautriche, 41.)
  5. Action française de novembre 1900 : « J’ai longtemps balancé, à l’idée de la commémoration de nos morts, entre sa mémoire tragique et le paisible souvenir d’un Auguste Comte ou d’un Sainte-Beuve… Parce que nous savons qu’il n’a pas été un faussaire, nous savons ce que c’est qu’un faux. »