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DÉFENSE RÉPUBLICAINE


qui restât en suspens était celle du portefeuille à attribuer à Millerand, qui eût souhaité celui de la Justice (mais c’était la vice-présidence du Conseil), ou celui de l’Instruction publique (mais Waldeck-Rousseau ne redoutait rien tant que des émeutes d’étudiants). Comme il ne voulait pas davantage le mettre aux Travaux publics, à cause des grèves, ni aux Colonies, à cause des conflits possibles avec Marchand qui se remuait beaucoup, il lui offrit le Commerce qui était un petit ministère, mais dont Millerand vit tout de suite quel parti il en pouvait tirer. Sa réponse fut affirmative et Loubet signa les décrets[1].

Tous les ministres étaient notoirement convaincus de l’innocence de Dreyfus.

XIII

La constitution du nouveau gouvernement parut beaucoup plus qu’un paradoxe : un défi au bon sens et un scandale. Ni tout le passé de Waldeck-Rousseau, qu’il continuait, mais qu’il semblait démentir ; ni la présence auprès de lui des républicains les moins

    surlendemain : « Pour ma part, sous ma responsabilité personnelle, j’approuve Millerand d’être entré dans ce ministère de combat. » De même Clemenceau : « Peut-on attendre que M. Poincaré comprenne que la France est au-dessus de son groupe, que M. Brisson soit guéri, ou que M. Bourgeois ait achevé ses développements de rhétorique à La Haye ? C’est l’honneur de Millerand d’avoir revendiqué sa part de responsabilité dans l’œuvre de salut. Il pouvait se désintéresser comme Bourgeois… etc. »

  1. Galliffet était resté à Clairefontaine ; Waldeck-Rousseau lui télégraphia : « Ministère formé. Vous avez la Guerre. Conseil chez moi demain matin à 10 heures. »
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