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DÉFENSE RÉPUBLICAINE


l’appréhender[1]. Le calme se rétablit seulement avec l’arrivée de la troupe. À la nuit, tous ces beaux fils, pas mal abîmés, lurent conduits, en voiture cellulaire, au Dépôt.

Loubet reçut les excuses des commissaires des courses[2]. Dupuy, à qui le silence eût mieux convenu, parla de guet-apens. « Nous n’avions pas de police, répliqua un des commissaires, et vous étiez prévenu. »

Ce qui fut confirmé par Loubet, mais il ajouta, et le mot se répandit : « Je n’ai aucun mal ; pourtant, c’est une leçon. »

Au départ, on lui lança encore des œufs pourris, sans l’atteindre. Puis, Chevilly et Grammont coururent annoncer à leur duc, à Gênes, « le charivari qui avait été fait au Président[3] ».

III

Cette tentative de se venger du triomphe de la justice sur le premier magistrat de l’État, ces procédés de palefreniers et de crocheteurs, ne rencontrèrent pas dans le parti conservateur la réprobation qu’il eût fallu. Il y avait encore, parmi les royalistes, des gens de bonne compagnie, beaucoup d’esprits honnêtes et sains, à qui répugnaient ces mœurs nouvelles, le mé-

  1. Haute Cour, I, 26, rapport Hennion. — Rochefort, qui avait annoncé « que la journée serait chaude », assista à la manifestation sans y prendre part : Lasies, Castellane, le marquis de la Ferronnays, de Ramel, eurent la même attitude, prudente ou expectante. Guérin était resté chez lui. (Spiard, Coulisses du fort Chabrol, 125.)
  2. Le prince Murat, A. du Bois et le vicomte Beugnot.
  3. Haute Cour, II, 61, note de Chevilly.