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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


disant mission démontrent de la façon la plus claire :

1o Que Walsin-Esterhazy (et peut-être aussi son ami Weil) est un agent de l’Allemagne ;

2o Que les seuls faits palpables reprochés à Dreyfus sont à l’actif d’Esterhazy ;

3o Que le procès Dreyfus a été mené avec une légèreté inouïe, avec l’idée préconçue que Dreyfus était coupable, et avec le mépris des formes légales. (Dossier secret communiqué en chambre du conseil aux juges ; composé de quatre pièces dont une se rapportant à Esterhazy, une autre à un individu désigné par l’initiale D., et qui ne peut être Dreyfus étant données les pièces visées, deux autres n’ayant aucune importance et reposant sur des simples racontars.) C’est le dossier non communiqué à l’accusé et à l’avocat qui a amené la condamnation de Dreyfus. Il a fait de l’effet sur des juges indécis qui n’avaient personne pour les éclairer et qui étaient obligés de se décider rapidement. Il ne peut pas supporter une discussion raisonnée, et l’avocat l’eût certainement réfuté de la manière la plus complète.

Je le répète ; toutes ces pièces m’ont été retirées successivement par le général Gonse au fur et à mesure de mes découvertes. Je crains même que celles du dossier communiqué en chambre du conseil à la fin du procès Dreyfus aient été détruites.

G. Picquart.

IV

ma visite chez lebon

Voici le texte de la lettre que j’avais écrite au capitaine Dreyfus, et que Lebon refusa de transmettre :

Paris, le 12 septembre 1897.
Monsieur,
Peut-être ne nous sommes-nous jamais vus ; nous n’avons certainement jamais échangé une parole. Cependant, presque