Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/682

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
672
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


temps, d’Henry ; on veut jeter sur lui « le soupçon d’une monstrueuse machination » ; la dépêche signée Blanche « ne peut provenir que de quelqu’un qui connaît un fait des plus secrets, la carte qui a, pour la première fois, appelé son attention sur Esterhazy » ; or, « cette carte n’est connue que d’un petit nombre de personnes liées par le secret professionnel ».

Il tenait le coupable dans ce cercle étroit ; il en sortit lui-même ; et le coupable, momentanément, échappa.

Il ne désigne encore personne, mais il a déjà fait son choix entre les deux officiers « qui ont un intérêt immédiat et direct à le compromettre[1] ». Henry ou Du Paty ? Il avait encore quelques illusions sur Henry. Il conclut, dès lors, que le faussaire était Du Paty, acharné à défendre son chef-d’œuvre : la condamnation de Dreyfus, et qui avait des causes d’animosité contre Mlle de Comminges[2].

Or, Du Paty proteste qu’il ne savait encore rien du petit bleu[3] ; en tout cas, il ignorait que la carte-télégramme avait été « grattée » par Henry, donc fabriquée par Picquart.

Deux jours après[4], Henry fut promu lieutenant-colonel.

XXII

Scheurer eut une dernière entrevue avec Méline, a l’issue du Conseil des ministres du 9 novembre. Comme

  1. Rennes, I, 464 ; Cass., II, 217, Picquart.
  2. Cass., II, 220, Picquart. — Ce fut également le sentiment de Mlle de Comminges, qui, la première, le 21 janvier 1898, nomma Du Paty à Bertulus (II, 263).
  3. Voir Appendice V.
  4. 12 novembre 1897.