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CHAPITRE VII

LA COLLUSION

I

Depuis la fin de juin, Esterhazy s’était retiré à Dommartin[1]. Henry, tout l’été, le tint au courant. Il s’absenta plusieurs fois, se faisait adresser à Paris, au Cercle militaire, certaines lettres[2]. En septembre, il annonça son départ pour l’Italie. Déjà, plus d’une fois, il a menacé de se mettre, par la fuite, à l’abri. Du moins, il sauvera sa peau.

  1. Cass., II, 228, Esterhazy (Enq. Bertulus).
  2. Il dit à Bertulus qu’il ne s’absenta qu’en juillet, pour acheter des chevaux à Paris, et, trois fois, pour aller à Châlons. C’est un mensonge. On a vu que Scheurer n’avait pas été satisfait des premiers spécimens de l’écriture d’Esterhazy que lui avait procurés l’agent Jaume ; celui-ci, s’étant remis en chasse, fit adresser, de Marseille, à Esterhazy, une lettre dont le signataire demandait un rendez-vous pour causer d’affaires. Esterhazy répondit, d’Épernay, le 11 septembre ; il priait son correspondant de préciser : « Je compte partir pour l’Italie d’ici peu de jours. Si vous avez quelque chose de sérieux à me dire, je pourrai vous voir en passant à Marseille. Adressez votre réponse au Cercle militaire à Paris. » Donc, il se faisait adresser certaines lettres au Cercle militaire, où il allait les prendre lui-même. — Il vint certainement à Paris, le 1er octobre. (Voir p. 561, note 1.)