Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


rale[1]. » En janvier 1883, le général Étienne loue « son caractère énergique, sérieux, calme ; officier vigoureux, ferme, bien élevé ; belle tenue, bonne conduite. » Pour 1884, l’année de la lettre « du Hulan », le commandant Paquié n’est pas moins élogieux : « Se fait remarquer par son esprit militaire et ses sentiments élevés. Très discipliné et fort respectueux pour ses chefs. » En juillet 1885 : « Militaire dans l’âme ; montre en toute circonstance un jugement droit et sain. »

Esterhazy, pendant son séjour en Tunisie, avait forgé un faux dont il tira, pendant plus de dix ans, honneur et profit.

Le bataillon, dont il faisait partie au début de la campagne, avait assisté, sans y être engagé, à deux petits combats, d’ailleurs malheureux[2], et qui ne donnèrent lieu qu’à un ordre de régiment. Le colonel Corréard y citait trois officiers[3] dont n’était pas Esterhazy, puisqu’il était resté étranger à la rencontre et qu’au surplus il avait été malade pendant le combat[4].

Mais Esterhazy en avait envoyé au colonel du 135e à Cholet, un récit où il jouait le rôle principal, entraînant ses hommes, se précipitant sur les Arabes et décidant de la prétendue victoire ; le colonel Carcanade, à qui l’idée d’une fraude ne pouvait venir, porta aussitôt à la connaissance de ses troupes la belle conduite du 1er bataillon[5] ; et, tranquillement, durant

  1. Notes du lieutenant-colonel Cugnier.
  2. À El-Arbaïn, 26 et 29 août 1881 ; la colonne se replia le 30 sur Hammam-Lif. Aux combats du 26 et du 29, le bataillon du 135e avait été placé sur la gauche, pour tenir en observation les troupes, douteuses, du bey de Tunis. (Clemenceau, L’Iniquité, 388.)
  3. Le capitaine Giovannoni, les lieutenants Jecker et de la Coste. (Ordre du 31 août.)
  4. Notes d’un ancien officier du 135e.
  5. « Le capitaine Esterhazy a abordé la situation de front ; les Arabes ont été délogés par cette attaque conduite vigou-