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SCHEURER-KESTNER


tu crois à l’authenticité d’une pareille pièce ? — Oui, dit Billot, il n’y a pas à s’y tromper ; elle est de l’écriture de Panizzardi[1]. »

Scheurer resta sceptique. Ainsi, outre la pièce secrète qui avait été montrée aux juges, il y en avait une autre encore, et combien extraordinaire !

Toutefois, il se sentait découragé. « Je chercherai, nous dit-il le 9 juillet, jusqu’aux vacances ; si je n’ai rien trouvé d’ici là, j’y renonce. » Ranc protesta. Je dis à Scheurer qu’il se calomniait : « Tant que vous aurez un doute, un seul, vous chercherez. »

Ainsi, tant d’efforts restaient vains : ceux de Mathieu Dreyfus et ceux de Scheurer. Et leurs efforts à venir n’auraient pas été moins inutiles si Henry, quelque temps auparavant, n’avait pas commis, non pas dans l’insolence de son triomphe, mais par excès de précaution, une imprudence.

X

Comme Billot avait trouvé plus politique de ne pas relever Picquart de ses fonctions au bureau des Renseignements, et de ne pas lui donner officiellement de

    massue » que j’avais raconté à un journaliste et qui a fait le tour de la presse. « — Scheurer (II, 22, 23) releva diverses erreurs dans la déposition de Teyssonnières, mais il ne contesta pas qu’il lui eût fait un récit de son entretien avec Billot. Dans ses Mémoires, il ne mentionne pas la phrase sur « le coup de massue » ; mais il l’a citée fréquemment à ses amis, sans préciser dans laquelle de ses entrevues avec Billot elle fut prononcée. — Billot, dans ses diverses dépositions, se tait (pour cause) de cet entretien où il fit usage du faux d’Henry.

  1. Mémoires de Scheurer.