Sur l’enveloppe : « Pressée, faire suivre. »
Le faux était stupide ; il eût été plus stupide encore d’envoyer à Picquart la lettre recachetée[2]. Henry s’en garda bien, ce qui suffit à prouver qu’il ne s’était pas mépris sur la pensée de Ducasse. Mais il classa dans le dossier de Picquart, qu’il commençait à nourrir, la copie de la lettre de Ducasse et cette lettre de « Speranza », avec l’enveloppe, pour les en sortir au bon moment.
Il y avait précédemment inséré le rapport de Guénée sur les manœuvres de Picquart et un second rapport du même, plus récent[3]. Guénée y nommait enfin « le vieil ami » qui avait conseillé le colonel ; c’était l’avocat Louis Leblois, « fils d’un ancien pasteur ; il va fréquemment, avec sa femme, en Allemagne, à Strasbourg ; dans le quartier, on l’a surnommé l’Allemand… C’est un homme aigri, haineux, ergotant sur tout, à la figure de chafouin, au regard oblique et méchant, qui s’occupe de spiritisme et qui, s’il n’était pas fortuné, serait un ennemi de la société[4]. »
- ↑ Cass., II, 267, Texte communiqué par le ministre de la Guerre.
- ↑ Picquart ne la connut que le 27 novembre 1897, à l’enquête Pellieux : « D. Je vous présente une lettre qui vous a été adressée, le 15 décembre 1896, au ministère de la Guerre, portant l’indication : pressée, faire suivre. Cette lettre a été saisie ; je vous en donne connaissance. » — Esterhazy, à l’enquête Bertulus, déclare qu’il a été absolument étranger à la confection de cette lettre. (II, 244.)
- ↑ Du 21 novembre 1896.
- ↑ Rapport du 21 novembre 1896 (Dossier Tavernier).