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ESTERHAZY


fut attaché ensuite au général Rebillard[1], et eut pour éducatrices l’incurie et la défaite. On connaît la douloureuse histoire de ce XVe corps de l’armée de l’Est, ses longs retards à paraître sur le terrain de la guerre[2], l’affreuse retraite à travers les neiges du Jura[3], la désagrégation des troupes exténuées à leur retour sur Besançon[4]. Si Esterhazy, qui avait été promu capitaine, s’était signalé pendant ces jours terribles, on le saurait de lui-même ; il a confessé, au contraire, qu’il prit peur, au premier combat où il assista[5].

Bien qu’il eût été rétrogradé par la commission de revision, il resta dans l’armée après la conclusion de la paix, soit par pis aller, soit qu’il lui fût venu un

    zouaves passa sous le commandement du lieutenant-colonel Chevalier et fit la campagne de l’Est à la 2e division du XVe corps, sous les ordres du général Rebillard.

  1. L’État-Major du général Rebillard était ainsi composé : Uhrich, capitaine, faisant fonctions de chef d’État-Major ; de Liéderke, capitaine, sous-chef, Walsin-Esterhazy, lieutenant, et marquis de Brissac, officier d’ordonnance. (Enquête parlementaire sur les actes du Gouvernement de la Défense nationale, VII, 77 ; lettre du général Rebillard au président de la Commission.) — Esterhazy fut promu lieutenant (à titre provisoire) le 27 novembre et capitaine le 27 décembre ; la commission de revision des grades, par décision du 31 décembre 1871, le replaça sous-lieutenant. (Cass., III, 123.)
  2. Enquête, III, 120, rapport Perrot : « Le mauvais fonctionnement du service des transports s’accentua de plus en plus… Le XVe corps mit plus de dix jours à franchir une distance qu’il aurait dû parcourir en 48 heures. »
  3. Freycinet, La Guerre en province, 271.
  4. Rapport Perrot, 125 : « Le découragement se propageait comme une fatale contagion et avec une rapidité effrayante. La 2e division, bien qu’énergiquement commandée, se maintenait avec peine ; l’autre, exténuée par une succession de fatigues excessives, échappait absolument. » — Le général Rebillard protesta contre ces appréciations. (Lettre au président de la Commission d’Enquête, VII, 76 et 77.)
  5. Récit fait à Charles Roche.