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LE PETIT BLEU


chon ! » Billot dit qu’il était déjà informé : « Weil remue ciel et terre pour faire entrer Esterhazy au service des Renseignements, dans un bureau quelconque ; généraux et parlementaires multiplient les démarches[1]. » Picquart parla durement de Weil[2]. Billot donna l’ordre à Calmon de remettre à Picquart tout ce qu’il recevrait désormais de Weil et d’Esterhazy[3]. Toutefois, il ne dit rien à son secrétaire de ses soupçons ni de l’enquête en cours.

Calmon, en conséquence, remit à Picquart les deux lettres d’Esterhazy du 25 août[4], celle adressée à Thévenet[5] et celle qu’il avait reçue lui-même. Thévenet, partant en congé, l’avait prié de répondre au commandant qu’il eût à faire une demande régulière par la voie hiérarchique[6].

  1. Rennes, I, 178, Billot.
  2. Cass., I, 153, Picquart : « Ce Weil a, au ministère de la Guerre, un dossier contenant des accusations graves. Dénoncé publiquement par Morès comme espion… etc. » — Rennes, I, 178, Billot : « Weil, que vous m’avez signalé comme suivi et observé par votre service… »
  3. Instr. Tavernier, 8 nov. 1898, Calmon.
  4. Cass., I, 153 ; Rennes, I, 430, Picquart. — Cela se passa le 27 août. « Les lettres d’Esterhazy, dépose Picquart, sont datées du 25 ; je ne les ai pas eues le jour même. » D’autre part, Calmon : « Je restai détenteur pendant quelques jours de la lettre d’Esterhazy à Thévenet. » Pour la détermination de ces différentes dates, on a deux points de repère certains : les lettres d’Esterhazy, du 25 août ; la note de Picquart sur Esterhazy, du 1er septembre, le lendemain du jour où il a pris connaissance du dossier secret, c’est-à-dire du lundi 31 août.
  5. Calmon précise qu’il remit à Picquart la lettre d’Esterhazy à Thévenet pour la faire photographier, ce qui eut lieu en sa présence, et que Picquart la lui rendit aussitôt.
  6. Instr. Tavernier, Calmon ; Rennes, I, 178, Billot : « J’ai dit alors : Qu’on envoie donc une demande hiérarchique pour faire admettre Esterhazy au ministère de la Guerre ! » Mais Billot ne dit rien, dans ses diverses dépositions, des ordres qu’il donna à son secrétaire, d’accord avec Picquart, et qui ont été loyalement reconnus par Calmon. Tout l’effort de Billot, dans