Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1903, Tome 2.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
LE PETIT BLEU


dait, selon Lauth et Junck, de la substitution d’Esterhazy à Dreyfus[1].

Pourquoi ces menaces à la cantonade[2] ? D’ailleurs, Picquart, très satisfait de l’accueil de Boisdeffre, qui le retint assez tard, ne retourna pas, ce soir-là, au bureau[3], et Lauth n’y était pas, puisqu’il venait de prendre le train pour Baie avec Henry.

Boisdeffre étant reparti le lendemain[4], Picquart mit le ministre au courant de ses recherches. Billot avait beaucoup de goût pour le chef du service des Renseignements, le tenait pour très intelligent et perspicace[5]. Comme Boisdeffre, il approuva la façon dont Picquart avait conduit son enquête, lui recommanda de la poursuivre, mais avec prudence[6]. Pourtant, il ne l’autorisa pas encore à demander au colonel Abria de l’écriture d’Esterhazy[7] ; Desvernine n’avait pu fournir encore qu’un échantillon insuffisant[8].

Henry paraît avoir continué à informer Esterhazy de tout ce qui se passait au bureau ; à peine revenu de Bâle, il lui conta l’entrevue avec Cuers, l’échec de cette dan-

    deffre, il était très excité et mécontent. Comme Lauth, je l’ai entendu s’écrier… » etc. (25). De même Gribelin (Instr. Tavernier, 18 oct. 1898). — Voir Appendice II.

  1. Instr. Fabre, 49, Lauth : « Nous avons même fait la réflexion : « Il a parlé de son dada au général, et il est probablement mécontent du résultat obtenu. »
  2. Cass., I, 165 ; Instr. Fabre, 104, 128, Picquart. Il dément, d’ailleurs, les propos que lui prête Lauth : « Paroles que je nie formellement. » C’est en parlant de l’affaire des fonds secrets que Picquart dit, mais un autre jour, à Gribelin, que le général de Boisdeffre ne voulait pas marcher. (Cass., I, 165.)
  3. Instr. Fabre, 104, Picquart.
  4. Ibid., 59, Boisdeffre.
  5. Rennes, I, 170, Billot.
  6. Cass., I, 550, Billot
  7. Ibid., 161, Picquart.
  8. Ibid., 154, Picquart : « Deux lignes, je crois. »