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LE PETIT BLEU

XIII

Pendant que l’enquête continuait, Picquart chargea Lauth[1] de photographier le petit bleu[2]. C’était, au bureau, l’habitude constante pour tout document de quelque importance. Les fragiles originaux, maniés par tous ceux qui devaient en connaître, auraient été vite en poussière[3].

Les premières épreuves de la carte-télégramme, avec ses déchirures et ses souillures, présentent l’aspect d’un plan en relief, hérissé de masses noires et zébré de lignes bizarres. Picquart commanda à Lauth d’en tirer d’autres, mais en effaçant ces traces sur le cliché, « tout ce qui n’est pas le texte écrit[4] ». « Le fac-similé obtenu par ce procédé sera plus clair, plus lisible. » Au surplus, on avait trop parlé du panier de Schwarzkoppen à propos du bordereau, qui n’en venait pas[5]. Ces épreuves « retouchées» seront plus

  1. Picquart avait décidé précédemment de ne plus faire photographier de pièces secrètes par les civils. (Cass., I, 158.)
  2. Procès Zola, I, 283, Lauth ; 297, Picquart ; etc. — « Au bout de quinze jours », selon Lauth (Instr. Fabre, I, 29). Donc, vers le 15 avril 1896. — De même, Junck (Cass., I, 429) et Picquart (Cass., I, 158).
  3. Procès Zola, I, 297, Picquart.
  4. Ibid., I, 283, Lauth ; I, 297, Picquart ; etc.
  5. Enq. Pellieux, 26 nov. 1897 ; Procès Zola, I, 297 ; Instr. Fabre, 126, Picquart. Henry, entre autres menteries, avait raconté à Picquart que la femme Bastian avait été soupçonnée à l’ambassade d’Allemagne, à l’époque du procès Dreyfus, qu’elle avait été fouillée, qu’elle ne s’était tirée d’affaire que par un ingénieux artifice. Mais toute cette histoire est inventée ; la femme Bastian ne fut jamais l’objet d’aucun soupçon.