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LE PETIT BLEU


cusés, sauf Boulot, furent relâchés[1]. Seul, le fils du passementier, âgé de seize ans, fut retenu pour avoir acheté de vieux galons à un sous-officier et fut condamné, avec sursis, à quelques jours de prison[2].

L’autre question, dont Picquart entretint Leblois vers la même époque[3], était simplement théorique. Il voulait savoir si le décret du 15 septembre 1885 sur le recensement des pigeons voyageurs et si les circulaires sur l’emploi de ces volatiles comportaient une sanction pénale[4].

Il y avait, au service, deux dossiers relatifs aux pigeons voyageurs : l’un secret ; l’autre, nullement confidentiel, qui contenait les documents officiels, des articles de journaux (surtout belges), des brochures et quelques plumes[5]. Les deux dossiers étaient dans une même liasse[6]. Gribelin la remit à Picquart avec humeur ; il s’était, au temps de Sandherr, occupé de cette affaire et se sentit blessé dans son amour-propre[7]. Picquart le tenait pour un bon archiviste, mais incapable de débrouiller le problème. Il garda devers lui le dossier secret, et pria Leblois d’étudier l’autre dans un cabinet adjacent au sien[8].

  1. Temps du 28 mars 1896 ; l’article est intitulé : Une montagne qui accouche d’une souris.
  2. Tribunal correctionnel de Nancy, audience du 26 mars 1896
  3. Mars-avril. (Instr. Fabre, 155, Leblois, etc.)
  4. Cass., II, 162, Picquart ; Instr. Fabre, 156, Leblois.
  5. Cass., II, 154, Leblois ; 163, Picquart ; Instr. Fabre, 19, Gribelin ; 24, Junck.
  6. Instr. Fabre, 72, 150 ; Picquart ; 150, Junck, Gribelin.
  7. Instr. Fabre, 75, Picquart ; 144, Gribelin : « J’ai la prétention de connaître la question mieux que la connaissait Picquart, et aussi bien que Leblois. »
  8. Cass., II, 154, 163 ; Procès Zola, I, 526 ; Instr. Fabre, 70, 150, 168, Picquart ; Cass., II, 155 ; Instr. Fabre, 157, Leblois. Par la suite, Picquart fut accusé d’avoir communiqué le dossier secret à Leblois. Gonse prétendra alors que tout est également secret dans les deux dossiers.