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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


avait consisté à interdire l’accès du service aux agents louches qui, précédemment, fréquentaient chez Sandherr et chez Henry[1]. Il décida que les personnes honorables entreraient seules au bureau ; les autres seraient reçues dans un local spécial, en dehors du service. Il n’enfreignait pas sa propre consigne en ouvrant à un ami, à un ancien magistrat, les portes de son cabinet, sous sa responsabilité[2]. — Risler, maire du VIIe arrondissement, dont Leblois était l’adjoint, avait fréquenté ainsi chez Sandherr[3]. — Recevoir un ami, c’était, pensait-il, son droit absolu[4], comme ç’avait été le droit incontesté de son prédécesseur. Incertain sur une difficulté juridique, il eût pu

    « sept ou huit fois ». — Leblois précise plusieurs visites au moment de l’affaire Boulot, une ou deux en avril, deux ou trois d’avril en août (184). — « Vingt-cinq ou trente visites », dit Henry (13). — « Très souvent », déposent Gribelin (18) et Junck (24). — Selon Junck, « il restait quelquefois plusieurs heures ». Gribelin : « Quelquefois, il séjournait longtemps, une heure peut-être. » Henry, (13) et Gonse (15) déclarent que « les visites se prolongeaient au point de gêner le service ».

  1. Cass., II, 162 ; Instr. Fabre, 72, Picquart. — Cela est confirmé par Henry, qui appelle ces agents « des personnes utiles au service » (149).
  2. Gonse soutient le contraire (Procès Zola, I, 279 ; Instr. Fabre, 16). Il dit « qu’il ne prendrait pas ce droit ». — Picquart observe qu’il n’était pourtant pas nécessaire « d’être une personne tarée ou suspecte » pour avoir accès au service (166).
  3. Instr. Fabre, 163, Risler.
  4. Cass., II, 162 ; Instr. Fabre, 72 et 166, Picquart. « C’était incorrect, dit Gonse, et irrégulier » ; mais il convient de n’avoir fait aucune observation (167). Henry, lui aussi, convient (149) qu’il ne fit aucune remarque. « Il aurait pu en faire, dit Picquart, étant donnés les termes dans lesquels nous étions. » (De même, Cass., II, 163.) Cordier, ancien sous-chef du bureau, dépose « que le chef de service a le droit absolu de faire tout ce qui est utile au service », notamment de choisir des collaborateurs « civils ». (Cass., I, 303.) — Leblois se défend d’avoir commis une faute professionnelle en se rendant au service des Renseignements : « Il ne m’est jamais venu à l’esprit que je