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ESTERHAZY


« la mobilisation de l’artillerie, le nouveau canon, le nouveau fusil, le fort de Manonvillers »[1].

Si ces lettres sont postérieures à l’envoi, par Schwarzkoppen, des notes d’Esterhazy à Berlin, il en résulte que l’État-Major prussien a trouvé insuffisante la note sur le 120 et que l’espion a bien annoncé, mais non livré, le manuel de tir[2]. On pourrait supposer aussi que Schwarzkoppen aurait tardé à envoyer à Berlin les notes d’Esterhazy et qu’ainsi, par un hasard singulier, le traître serait allé au-devant des désirs de Schlieffen.

Plus tard, le 29 octobre, alors que Dreyfus est arrêté depuis quinze jours, Schwarzkoppen transmet « ces renseignements qui viennent de bonne source : les tableaux d’effectifs réels de l’armée française ; les manœuvres de forteresse de Toul et de Paris[3] ».

C’étaient ces manœuvres de forteresse qui sont visées à la dernière ligne du bordereau.

XIX

Le jour même de l’arrestation de Dreyfus (15 octobre), Esterhazy partit pour Dommartin. Du 1er au 14, il avait été à Évreux, avec le dépôt de son régiment. Il n’était venu à Paris que le 6. Jusqu’à la fin du mois, il resta à la campagne, se plaignant d’un gros rhume dont il souffrait beaucoup. Il ne revint à Paris que le

  1. Cass., II, 323, Deloye. — Ce questionnaire, selon Mercier (Rennes, I, 123), aurait été remis par Schwarzkoppen à un agent du contre-espionnage.
  2. Cass., I, 539, Hartmann.
  3. Rennes, III, 558, dossier secret.