passage du bordereau est écrit dans un jargon volontairement obscur[1]. — De toutes manières, s’il « prend » le volume, Esterhazy ne peut l’avoir « à sa disposition que très peu de jours ». Dès lors, une entrevue, une réponse s’impose. Pour hâter la réponse, il ajoute : « Je vais partir en manœuvres. »
Formule incorrecte qui lui était familière. Le 20 mai précédent, il a écrit à un créancier : « Je pars demain en manœuvres de brigades. » Le 29 juin, dans sa lettre à Rothschild : « Au moment de partir en manœuvres[2]. »
On avait beaucoup parlé, d’avance, de ces manœuvres d’automne. Le thème de ce simulacre de guerre avait excité la curiosité : une armée, venant de l’Est, marche sur Paris et s’y brise à l’enceinte des nouveaux forts. Les attachés étrangers n’ont pas été invités.
Le régiment d’Esterhazy a été désigné pour y prendre part ; lui-même, en raison de ses fonctions spéciales, reste à Évreux avec le dépôt[3]. Mais il a tout intérêt à faire croire à Schwarzkoppen qu’il va suivre ces nouvelles manœuvres. Au surplus, il s’y rendra peut-être, en amateur, pour une journée[4].
- ↑ « Si donc vous voulez y prendre ce qui vous intéresse et le tenir à ma disposition après, je le prendrai. À moins que vous ne vouliez que je le fasse copier in extenso et ne vous en adresse la copie. »
- ↑ Cass., I, 280, Bertulus.
- ↑ Procès, 130, Esterhazy ; Cass., I, 538, 541, Hartmann.
- ↑ Cass., I, 540, Hartmann.
qu’après avoir examiné le volume, il ne se rappela pas l’avoir vu (chez Esterhazy) : « Le livre dans lequel il avait copié certains passages était un ouvrage relié et que l’on doit trouver dans le commerce. » — Le volume : Siège et Place est, en effet, relié. — Enfin, à la Cour de cassation (I, 780), Mulot « affirme qu’il n’a pas copié le manuel que Picquart lui a présenté en septembre 1896 ». Il a copié « un livre qui traitait de l’artillerie ».