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ESTERHAZY


Le lieutenant fit au commandant une réponse évasive : il n’a pas de réglettes réglementaires, mais son capitaine en a fait fabriquer en bois, d’après le même principe[1] ; avec l’autorisation de cet officier, il pourra lui en adresser une. Pour le manuel, il s’en considère comme personnellement responsable[2] et ne veut pas risquer de le perdre par la poste.

Bernheim dit que, rentré au Mans, et avant de partir pour les manœuvres[3], il envoya alors à Esterhazy la réglette en bois et, au lieu du manuel, le règlement : Siège et place, petit livre qui se trouve d’ailleurs dans le commerce. Par la suite, malgré ses réclamations réitérées, il ne revit jamais la réglette ni le volume[4].

Esterhazy a donné plusieurs versions de l’incident. Dans la première, c’est le manuel de tir qu’il a reçu de

    nuel de tir ni au capitaine Boone, « détenteur à Rouen du seul exemplaire du manuel qui y existât », ni au capitaine Le Rond, « qui ne se serait fait aucun scrupule de le lui prêter ». Boone (I, 622) et Le Rond (I, 618) confirment. Esterhazy préférait, évidemment, s’adresser à un officier de passage.

  1. Rennes, III, 522, Bernheim : « C’était le même principe que la réglette réglementaire… C’est la réglette de correspondance des hausses aux évents. »
  2. Voir la phrase du bordereau : « Le ministre de la Guerre en a envoyé un nombre fixe dans les corps, et ces corps en sont responsables. Chaque officier détenteur doit remettre le sien après les manœuvres.» Ce qui, au surplus, est inexact. (Voir p. 107.)
  3. Du 31 août au 25 septembre.
  4. Rennes, III, 142, Bernheim. Une lettre du capitaine Graveteau confirme : 1° l’autorisation donnée par lui à Bernheim de prêter une réglette non réglementaire à un officier supérieur d’infanterie ; 2° les vaines démarches de l’intéressé pour ravoir la réglette. — Le volume ne porte pas, comme le dit Bernheim, « 2°… » mais « 3° partie ». — Esterhazy prétend avoir renvoyé la réglette à Bernheim. (Rennes, III, 514, Carrière.) — Mercier, à Rennes, présenta la réglette en bois que le commandant (alors capitaine) Graveteau lui avait fait envoyer par un officier. (III, 521, 523.) Il parut alors à Bernheim qu’elle n’était pas identique à celle qu’il avait remise à Esterhazy (III, 521, 524).