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ESTERHAZY


imminente. À Châlons même, le colonel de Torcy préparait l’avant-projet de la campagne[1]. Il avait pour collaborateur, dans ce travail, l’intendant Fauconnet et le lieutenant Vénot. On en causait ouvertement.

Le même journal publia, le 18 août, l’instruction ministérielle relative à l’exécution de la loi du 29 juin sur la suppression des pontonniers et aux modifications qui en résultent pour la composition des corps d’artillerie.

Un autre sujet de conversation, classique au camp, c’était la destination des troupes de couverture. Les officiers des régiments-frontières affluaient à Châlons, chef-lieu de leurs corps d’armée[2].

Quiconque, militaire ou civil, aurait suivi ces expériences et ces exercices pendant deux semaines, faisant parler les officiers, regardant et écoutant avec attention, et ayant, en outre, sous les yeux, les articles des journaux spéciaux, eût pu écrire des notes intéressantes, où aurait revécu la vie du camp, mais qui n’auraient révélé aucun mystère.

XVII

Esterhazy avait porté aussi peu de scrupules dans son métier d’espion que dans son métier de soldat. Maintenant, il était averti : Schlieffen, les généraux

    mois de juin, publié, une étude « militaire » du capitaine Jeannet, sur l’organisation de l’expédition.

  1. Ce plan fut adopté, et le colonel de Torcy nommé chef d’État-Major du corps expéditionnaire.
  2. Cass., I, 541, Hartmann. — Selon Roget (I, 89), « Esterhazy ne savait même pas ce que c’était que la couverture ». Est-ce pour cela que ses notes portent qu’il est un officier très instruit ? Il eut été, en tous cas, le seul officier à être aussi ignorant d’une question aussi élémentaire.