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à peu près entière, ce gouvernement fortement centralisé qui avait tant contribué à sa grandeur. Le Collège des docteurs agrégés en droit, avec son chef élu, le primicier, garda toujours l’administration entière du studium. Non seulement il continua de régir, comme il convenait, la Faculté juridique et eut seul la garde des intérêts généraux de l’Université ; il maintint encore sur les autres Facultés une étroite et ombrageuse tutelle, nommant ou agréant leurs professeurs, contrôlant leurs décisions et, dans une certaine mesure, disposant de leurs revenus. On a vu que, dans ce Collège, les théologiens n’étaient pas équitablement représentés et que les médecins ne le furent qu’au moment même où l’Université allait disparaître.

Mais en ce qui concernait les études, les circonstances qui peu à peu transformaient les anciennes corporations enseignantes, allaient modifier de façon décisive le vieil établissement pontifical. Tout d’abord, la création d’un véritable enseignement secondaire enlevait aux Universités une partie de leurs anciens tributaires. Le collège des Jésuites fondé, en 1564, à Avignon, ravit à l’Université ses « artistes », et c’est à peine si celle-ci put maintenir en face de ses redoutables rivaux l’ombre d’une Faculté des arts. La Faculté de théologie ne fut pas moins gravement atteinte par l’ouverture, chez les Jésuites, de plusieurs cours de théologie et surtout par la création de séminaires destinés à l’éducation professionnelle des futurs membres du clergé.

Jalouse d’assurer le succès de ces fondations nouvelles, l’Église abandonnait maintenant à elles-mêmes les anciennes Universités autrefois comblées de ses faveurs. Et par suite, à une époque où les libres recherches et le culte désintéressé de la science n’étaient guère le fait des corporations enseignantes, celles-ci, pauvres d’ailleurs, devaient, pour vivre, se transformer peu à peu en écoles spéciales destinées à former des praticiens.