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30 juin de cette année[1] ; le 20 février, la Faculté des arts avait conféré, pour la dernière fois, la maîtrise[2] ; le 14 janvier, celle de médecine avait fait subir son dernier examen[3]. Depuis deux ans, on ne délivrait plus de grades en théologie[4].

Ainsi la vie abandonnait peu à peu ce corps, dont le nom imposait encore, mais sur lequel s’acharnait sans merci le zèle des destructeurs. Devenue pareille — ou peu s’en faut, — à ses voisines du royaume de France, l’Université d’Avignon allait partager leur destin. Moins heureuse que plusieurs d’entre elles, en dépit des souvenirs les plus glorieux, elle ne devait jamais renaître, après cette ruine.

À travers des vicissitudes diverses, elle avait duré près de cinq cents ans. Constituée, au moins comme Université de jurisprudence, au début du xive siècle, elle pouvait revendiquer sur la plupart des Universités françaises le bénéfice de l’ancienneté. Si elle restait la cadette des Universités de Paris, de Toulouse, d’Angers, de Montpellier, elle était l’aînée de presque toutes les autres : Aix, Valence, Orange, Orléans même. Aux premiers siècles de son existence, elle ne le céda ni aux unes ni aux autres, quant à l’illustration de ses maîtres, à l’éclat de son enseignement, au nombre de ses élèves. Les papes, que la « captivité de Babylone » ne tarda pas à rapprocher d’elle, la comblèrent de leurs faveurs et les pouvoirs civils, non moins généreux, y ajoutèrent les plus rares privilèges. Encore, vers le milieu du xvie siècle, huit cents étu-

  1. M. Bachelard, bachelier beneficio ætatis, le 4 juin, admis à l’examen de droit français, le 28 juin, est reçu licencié, le 30 juin. A. V. D 154.
  2. A. V. D 154.
  3. A. V. D 154. Examen de licence.
  4. Le 23 mai 1790, Jean Delaet, chanoine d’Apt, est fait licencié, docteur et maître en théologie sous M. Payen, professeur de théologie morale, promoteur. — A. V. D 153, fo 739. Cette promotion et celles qui précèdent sont, pour chaque Faculté, les dernières dont les registres des gradués aient conservé la trace.