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c’est surtout contre les impôts nouveaux et contre les emprunts qu’ils dirigent leurs traits les plus acérés et c’est à cette occasion que s’élève, en 1697, un conflit particulièrement grave, qui aboutit à une réglementation nouvelle de l’administration municipale et des rapports que l’Université allait désormais entretenir avec elle.

À cette époque, les charges communales, qui depuis un siècle n’avaient pas cessé de s’accroître, étaient telles qu’on n’y pouvait suffire avec les ressources habituelles. Des emprunts considérables avaient été contractés et n’étaient pas remboursés ; même les dépenses ordinaires dépassaient les revenus. Le Conseil de ville songea donc à augmenter les anciennes gabelles et à en créer de nouvelles. Aussitôt, vive opposition du Clergé et de l’Université, qui, avant perdu leurs anciennes exemptions, allaient être obligés de payer, comme les autres corps ou habitants de la cité. Tout au moins, s’il leur fallait consentir à quelques sacrifices, espéraient-ils profiter des circonstances fâcheuses où le Conseil de ville se trouvait, pour y accroître leur influence et leur autorité. Un règlement du vice-légat Gualteri, du 23 mai 1697, ne termina pas la querelle, qui dura encore sept ou huit années. Le Clergé et l’Université, manifestement soutenus par le vice-légat, le Conseil de ville, jaloux de maintenir même contre le représentant du Saint-Siège son antique indépendance, avaient, chacun de leur côté, demandé l’intervention du Souverain Pontife. La Congrégation d’Avignon, saisie de l’affaire, la renvoya au vice-légat Banchiéri qui, au prix de difficiles négociations et après maintes assemblées des députés des différents corps intéressés, parvint enfin à ménager un accord. Il fut sanctionné par les deux ordonnances des 11 mai et 11 juin 1706, qui terminèrent le débat[1].

  1. A. V. D 32, fos 205 à 213.