Page:Joseph Marchand - L'Université d'Avignon aux XVIIe et XVIIIe siècles.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs quarante-huit, ou suivant le cas, de leurs quatre-vingt-seize collègues, avec les suffrages desquels ils n’ont garde de confondre leurs propres suffrages. Ils forment, pensent-ils, un ordre spécial et veulent traiter avec le Conseil « de corps à corps ». Ils peuvent refuser de voter et s’ils s’opposent à quelque motion, ils dénient au Conseil le droit de passer outre, avant que leur opposition ait été jugée par l’autorité supérieure ; ils exercent ainsi dans les affaires communales une sorte de veto suspensif[1].

Faut-il s’étonner si, dans ces conditions, les conflits sont fréquents et parfois très aigus ? L’Université a horreur des « nouveautés », des irrégularités, des dépenses excessives ou de luxe, par-dessus tout, des impôts supplémentaires et des emprunts, conséquences naturelles des prodigalités municipales. Les députés, primicier en tête, épluchent donc soigneusement les comptes des trésoriers, refusent leur visa aux mandats irréguliers et, dans un autre ordre d’idées, combattent sans cesse les députations trop fréquemment envoyées à Paris ou à Rome et qui, coûtant très cher, ne produisent, en général, que peu d’effets[2]. En 1672, ils s’opposent, au nom des intérêts du trésor, au bizarre projet un moment caressé à l’Hôtel-de-Ville, de doubler le nombre des consuls[3]. Mais

  1. Délib. du 20 mai 1697. Différend entre l’Université et les consuls, à propos des comptes de la ville. Le viguier voulut, dans une assemblée du Conseil, obliger le Clergé et l’Université à voter, se basant sur ce que le « président d’une assemblée peut en obliger les membres à donner leur suffrage ». À quoi on répond que cela n’a pas lieu de corps à corps et que le Clergé et l’Université sont un corps en face du corps municipal. Le viguier inflige aux députés récalcitrants une amende de cent écus. On en appelle au vice-légat et à l’archevêque, qui se montrent favorables à l’Université et finalement la délibération du Conseil de ville est cassée. A. V. D 32, fo 77. Cf. la délib. du 3 févr. 1659 (A. V. D 30, fo 111) et celle du 1er sept. 1665. (A. V. D 30, fo 180.)
  2. V. délib. du Collège des docteurs des 28 févr. 1640, 27 avril 1647, 14 mars 1650, 3 mai 1666, etc. A. V. D 29, fos 201 et 244 ; D 30, fos 17, 111 et 189.
  3. Délib. du Collège des docteurs des 20 mai 1697, 30 avril 1703, 10 mars et 20 mai 1705. — A. V. D 32, fos 77, 171, 181, 185.