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chés derrière l’absence d’ordres venus de la curie romaine[1].

Mais le conflit continuait. L’Université n’exécutait que de fort mauvaise grâce les transactions consenties. Elle refusait de contribuer aux frais d’ambassades ou de procès, à ceux de l’aumône générale, aux emprunts négociés pour achats de blé, en temps de disette. Le vice-légat, sollicité d’en finir, décida que le Clergé et l’Université, moyennant une somme à eux payable, chaque année, comme souvenir et marque de leur ancienne exemption, contribueraient à toutes les charges et dépenses de la ville ; mais qu’en revanche, chacun de ces deux corps « nommerait deux députés, pour assister aux conseils tant ordinaires qu’extraordinaires, qui se feraient par ci après, à la maison commune »[2]. Le nombre de ces députés fut ensuite porté à quatre pour chaque corps, sans compter le primicier qui avait entrée à tous les conseils et qui même y siégeait au premier rang, après les consuls.

Ce règlement rétablit pour un siècle la paix entre l’Université et la ville ; mais le mode d’élection des députés devint matière

  1. Voir notamment les délibérations du Conseil de ville des 27 avril 1579, 27 mai 1583, 10 mai et 26 août 1586 et les mémoires produits par l’Université à l’appui de la prétention qu’elle émettait, de ne contribuer en aucune façon aux charges municipales « attendu ses privilèges. » D’abord condamnés par le vice-légat, les docteurs sont définitivement déclarés « contribuables aux frais de la guerre » par bref du pape du 1er août 1579. Ils prétendent alors avoir une des clés du coffre où se mettait l’argent des gabelles, ce qui leur est accordé (27 mai 1583), puis envoyer des délégués aux conseils, ce qui n’est pas admis (10 mai 1586). En août de la même année, ils s’engagent à contribuer aux dépenses des services publics.
  2. Registres des délib. du Conseil de ville de 1587 à 1597. — Cf. le règlement du vice-légat Gualteri du 23 mai 1697. Ce règlement confirmant celui de 1605 maintient le Clergé et l’Université dans leur droit d’intervenir dans toutes les délibérations concernant l’emploi des rentes publiques, ou les dépenses, tant ordinaires qu’extraordinaires et de viser tous les mandats donnés aux trésoriers pour le paiement des dépenses de la ville. La somme payée par la ville à l’Université pour la « marque de son exemption » fut de 70 écus ou 210 livres par an ; on voit figurer cette somme dans tous les budgets du xviiie siècle. V. ci-dessus, ch. II, p. 216.