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triomphent pas sans l’intervention de quelques puissants défenseurs. Il intéresse donc au succès de sa mission les ministres du roi, les cardinaux, le nonce même, qui se prête de bonne grâce aux démarches qu’on lui demande de faire et mérite de la reconnaissance des docteurs un témoignage éclatant[1].

Malgré tout ce zèle, l’affaire traîne en longueur. MM. Le Peletier et Bignon, conseillers d’État, étaient chargés de l’examiner. Mais le premier est malade et va à la campagne « prendre le petit lait »[2]. Son collègue l’attend pour donner ses conclusions. Bientôt même surgit une difficulté imprévue. Ne voudra-t-on pas imposer aux gradués d’Avignon le serment exigé en France sur les propositions de 1682 ? Le nonce heureusement, dissipe ces appréhensions et admire la « bêtise » de ces nouvellistes, qui entrent si mal dans la pensée du Conseil du roi. Non, dit-il, si le chancelier voulait refuser à l’Université pontificale la confirmation de ses statuts, il chercherait quelque prétexte spécieux et ne prétendrait pas obliger les sujets du pape à se soulever contre leur souverain. Un ministre aussi prudent et aussi éclairé connaît trop bien les devoirs des sujets envers leur prince. D’ailleurs pourquoi n’imposerait-on pas le serment dont il s’agit aux gradués d’Avignon, à l’époque seulement où ils entreraient dans les barreaux ou les cours de France ? Mais il n’est même pas sûr qu’on adopte cet expédient, car il y a actuellement beaucoup moins de chaleur qu’au début au sujet de ces propositions. La cour est d’ailleurs bien disposée ; on ne tardera pas à s’en apercevoir[3].

  1. Lettre de M. Guyon à M. de Barthélémy (8 juin 1685). A. V. D 31, fo 178. — Lettres du duc de Chaulnes, ambassadeur de France à Rome, au chancelier. A. V. D 31, fo 226.
  2. Lettre précitée de M. de Guyon du 25 mai 1685.
  3. Lettre précitée de M. de Guyon du 8 juin 1685.