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mais cette occupation de courte durée n’avait pas eu d’influence appréciable sur les destinées de l’Université d’Avignon. Le roi, sur la demande du primicier, Gabriel Vedeau, avait confirmé les privilèges civils et judiciaires dont jouissaient les docteurs, la juridiction du primicier et celle des conservateurs, la réunion à l’Université des greffes dont elle percevait les revenus. Même, il avait rendu aux collégiés de Saint-Nicolas et du Roure, membres de l’Université, les revenus dont une bulle d’Urbain VIII les avait en partie dépouillés au profit de la Propagation de la Foi. Est-il nécessaire d’ajouter que lorsqu’au bout de quelques mois, les soldats de Louis XIV se retirèrent, le statu quo fut rétabli et que les chefs de l’Université ne gardèrent plus sur les collèges le haut contrôle que le roi avait voulu les voir exercer ?

Depuis quelques années l’Université d’Avignon jouissait paisiblement des droits et privilèges dont elle avait si obstinément poursuivi et si difficilement obtenu la confirmation et malgré les violents démêlés qui avaient éclaté entre Louis XIV et le Saint-Siège, sa prospérité allait croissant. Tout à coup on apprit qu’un édit du roi de France venait de la déclarer « étrangère »[1]. Aussitôt, vif émoi chez les docteurs. Était-ce donc que les états pontificaux de France dussent pâtir toujours des querelles du Pape et du roi de France, ou bien Louis XIV, donnant aux Facultés de droit du royaume de nouveaux statuts[2], doutait-il que l’Université d’Avignon consentît à s’y soumettre et à les appliquer rigoureusement ? Quoi qu’il en soit, le coup était rude et il fallait le parer, sous peine de périr, car déjà, sur le bruit des dispositions hostiles

  1. Lettres patentes du 9 fév. 1683 en faveur de l’Université de Valence portant qu’aucun sujet du roi ne pourrait exercer en France sur les degrés obtenus dans les Universités d’Orange, d’Avignon et autres universités étrangères. V. Laval, ouvr. cité, p. 195.
  2. Édit du roi, de 1679, pour l’enseignement du droit, déjà cité.