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Quelques exemples montreront le caractère de ces luttes. En 1636, quelques docteurs de la Faculté de Montpellier établis à Auxerre, prétendent empêcher un docteur d’Avignon, M. Étienne de Laurens, résidant aussi à Auxerre, d’exercer la médecine dans cette ville. Aussitôt, l’Université d’Avignon de prendre fait et cause pour son docteur, qui triomphe d’ailleurs devant le Parlement de Paris[1]. Un peu plus tard, nouveau procès devant un autre parlement, celui de Toulouse ; cette fois, c’étaient des docteurs de Montpellier établis à Narbonne, qui déniaient à un confrère gradué d’Avignon, tout droit d’exercer la médecine en Languedoc. Malgré l’intervention du syndic de l’Université de Montpellier, qui se porte partie civile, Avignon remporte une nouvelle victoire, qui ne fut pas la dernière[2]. Au surplus, malgré ces chicanes, la Faculté de médecine d’Avignon professe un visible respect pour une rivale, dont elle envie l’organisation et la renommée ; elle accueille volontiers ses docteurs parmi ses agrégés et propose l’enseignement qu’elle donne comme modèle à ses régents ; sur la seule question des grades, elle prétend à l’égalité.

Il n’en est pas de même pour Valence. Ici nulle supériorité évidente et nuls égards. D’ailleurs, c’est de Valence que vient, à plusieurs reprises, l’attaque[3]. Les docteurs valentinois,

    pas elle-même gradues. Mais on stipule que l’Université d’Avignon ne fera aucun frais. (A. V. D 32, fo 84.) La correspondance des primiciers ne mentionne, outre ces cas tout à fait extraordinaires, que des envois réciproques de programmes, des avis de vacances de chaires, etc., formalités qui font ressortir plutôt qu’elles ne rompent l’isolement, où chacun de ces corps se complait.

  1. A. V. D 30, fo 87. (délib. du Collège des docteurs du 30 oct. 1656). Cf. Laval. La Faculté de médecine d’Avignon, p. 179.
  2. V. Laval, La Faculté de méd. p. 181. L’arrêt du parlement de Toulouse est du 14 déc. 1660. A. V. D 30, fo 137.
  3. A. V. D 27, fo 9. Délib. du 2 juillet 1517 : les docteurs envoient un représentant de l’Université au Parlement de Dauphiné pour y faire valoir leurs privilèges. La rivalité datait donc de loin.